Chedid Capital prend le contrôle d’Ascoma et a pour ambition de renforcer la culture de la gouvernance, de la conformité et de la gestion des risques.

Le lancement prochain de l’académie Ascoma en Afrique, basée à Abidjan, est la contribution du Groupe à l’amélioration de l’environnement des affaires.

Interview de Farid Chedid, président-fondateur de Chedid Capital ; Président directeur dénéral du Groupe Ascoma
« Le rachat d’Ascoma constitue une étape charnière dans notre développement en Afrique. »
Votre groupe a récemment fait l’acquisition d’Ascoma. Pour quelles raisons ?

Farid Chedid : nous avons racheté 80 % d’Ascoma en février 2021. Cette opération fait partie de la stratégie du groupe de se développer en dehors du Moyen-Orient et de l’Asie. Il nous semble important de nous installer et de nous développer en Afrique, qui constitue un marché adjacent et une extension naturelle. Dès 2014, nous avons fait une première acquisition à l’île Maurice comme base de développement. Puis nous avons ouvert un bureau à Casablanca. Quand Ascoma a lancé les discussions en 2020, nous avons considéré que c’était une société conforme à nos ambitions, aussi bien en termes de taille que de gouvernance. Au terme de l’accord définitif, la famille Husson a donc cédé 80% du capital d’Ascoma au holding financier Chedid Capital. Le groupe franco-monégasque Ascoma, avec plus de 700 salariés, est présent en Afrique depuis 1952. Fort d’un réseau de 23 filiales réparties dans 21 pays en Afrique ainsi qu’une entité, à Paris, en charge des affaires internationales, Ascoma est aujourd’hui le premier réseau de courtage indépendant en Afrique subsaharienne. Cette diversification géographique très importante permet de réduire les risques et de rentrer dans l’ensemble de la zone francophone africaine.

Quelle nouvelle organisation avez-vous mise en place ?

Il y avait déjà 3 zones géographiques (Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon), nous en avons rajouté une 4^ème, au Sénégal (effective à compter du 01/01/2022). Chaque zone est un centre d’excellence, supervisant 4 à 5 filiales, avec en plus, 2 filiales support transverses. Nous sommes en train de renforcer les compétences techniques de ces centres régionaux.

Par ailleurs, nous avons renforcé le comité exécutif et réorganisé le conseil d’administration, avec cinq personnes, afin qu’il soit à la fois restreint, efficace et pleinement engagé dans le renforcement d’Ascoma.

Quelles sont les ambitions du groupe Chedid Capital ?

Notre groupe est spécialisé dans le courtage en assurance et réassurance. Très présent et très fort au Moyen-Orient depuis le début des années 2000, nous nous étendons aujourd’hui en Afrique grâce au rachat d’Ascoma. Les synergies de revenus, de coûts, vont renforcer le groupe, qui fait déjà partie du top 20 mondial des acteurs du courtage de réassurance. Nous disposons de ressources importantes, à la fois humaines et financières, pour poursuivre notre développement, à la fois vers l’Asie (Inde, Pakistan, Bangladesh) et vers l’Europe (où nous sommes déjà présents à Londres, Chypre et Grèce).

Quelle vision avez-vous du développement en Afrique ?

Aujourd’hui le groupe représente plus de 1 milliard d’euros de primes gérées par 1 400 personnes dans plus de 60 filiales. Nous allons continuer à renforcer les équipes pour proposer de meilleurs services. Pour le moment, nous allons nous renforcer en Afrique francophone, mais nous regardons également les opportunités en Afrique anglophone et lusophone. Grâce au rachat d’Ascoma, nous sommes capables de proposer des solutions panafricaines à nos clients internationaux.

Le marché de l’assurance en Afrique est encore embryonnaire, mais cela va évoluer rapidement car il croît de près de 8 % par an.

Les pays africains ont des projets d’infrastructures (routes, ponts…) mais aussi technologiques et légaux pour encourager les investissements. Certes la Covid-19 a stoppé ou ralenti certains de ces projets mais à long terme, nous sommes optimistes sur le développement économique de l’Afrique, même si tous les pays n’avancent pas au même rythme. Le secteur de l’assurance va croître parallèlement à celui de l’économie africaine.

Pensez-vous qu’avec le lancement de votre académie du management aux risques, de la gouvernance et de la conformité, vous encouragez les grandes institutions étrangères à investir plus en Afrique et surtout Afrique de l’Ouest ?

Les pays africains ont besoin de développer leur éducation et leur santé. Cette académie panafricaine est notre contribution à l’amélioration de l’environnement des affaires. Elle sera basée à Abidjan, en Côte d’Ivoire, un pays qui connait un développement économique exemplaire depuis quelques années. Cette stabilité économique et politique encourage les investissements. A travers le lancement de cette académie, nous souhaitons participer à cet état d’esprit favorable au développement africain. Pour nous l’Afrique c’est l’avenir.