Allianz Trade : Scénario économique mondial à mi-année 2025-2026
Par Ana BOATA, Directrice de la Recherche Economique chez Allianz Trade
Comme chaque trimestre, les experts d’Allianz Trade mettent à jour leur scénario économique mondial. Les dernières prévisions confirment un contexte économique toujours marqué par de fortes incertitudes, entre ralentissement de la croissance, tensions commerciales, risques géopolitiques et pressions inflationnistes persistantes.
Une croissance mondiale à son plus bas niveau hors récession
La croissance mondiale devrait rester modérée en 2025, à +2,5 %, soit son niveau le plus faible depuis 2008 en dehors des périodes de récession. Cette prévision masque cependant de fortes disparités régionales.
Les États-Unis voient leurs perspectives légèrement s’améliorer, avec une croissance revue à la hausse à +1,6 % pour 2025-2026, principalement grâce à l’assouplissement des droits de douane. En revanche, la zone euro devrait enregistrer une croissance attendue à +1,2 % en 2025, tirée surtout par les petites économies. En France, un ralentissement de la croissance économique est attendu en 2025 (+0,6% vs +1,1% en 2024), avant un léger rebond en 2026 à +1,1%.
Un environnement commercial sous pression
L’incertitude mondiale continue de régner à des niveaux records, qui entraînera un ralentissement synchronisé du cycle économique dans les marchés développés et émergents, comme cela a été observé pour la dernière fois au second semestre 2022, lors du pic d’inflation.
Depuis la publication de notre précédent scénario, les droits de douane américains ont été ramenés de 25 % à 13 %, en partie grâce à une trêve commerciale avec la Chine. Le taux bilatéral a chuté de 103 % à 39 %, ce qui a compensé en partie la hausse de certains droits sectoriels (25% sur les automobiles, 50% sur l’acier et l’aluminium). Toutefois, le taux global des droits de douane américains à l’importation reste à son plus haut niveau depuis 1940, et des menaces pèsent, notamment l’imposition potentielle de droits supplémentaires de +50 points de pourcentage sur l’UE et l’expiration des délais pour l’application de droits de douane réciproques le 8 juillet.
Au-delà de la guerre commerciale, les États-Unis sont confrontés à d’importants défis budgétaires et monétaires, avec un déficit budgétaire qui devrait dépasser 8 % du PIB d’ici 2026 et une augmentation des paiements des intérêts due à une inflation élevée et à des risques budgétaires, ce qui pourrait entraîner une nervosité des marchés obligataires et une nouvelle dépréciation du dollar américain. La probabilité d’une récession dépasse 30 % et les craintes de stagflation s’intensifient.
Inflation : des dynamiques divergentes entre les États-Unis et l’Europe
L’inflation mondiale devrait s’établir à 4,0 % en 2025 et 3,4 % en 2026. Toutefois, les dynamiques varient fortement entre les deux rives de l’Atlantique. Aux États-Unis, l’inflation s’est sensiblement atténuée au premier semestre 2025, certains éléments indiquent que la hausse des coûts des biens intermédiaires et finaux induite par les droits de douane a d’abord été absorbée par les marges des entreprises. Toutefois, nous pensons qu’une part croissante des entreprises répercutera la hausse des coûts sur leurs clients, comme l’indiquent clairement plusieurs enquêtes auprès des entreprises. Nous prévoyons que l’inflation IPC aux États-Unis atteindra un pic de +3,9 % au quatrième trimestre 2025, contre +2,6 % au deuxième trimestre 2025.
En Europe, le tableau est plus apaisé : nous prévoyons que l’inflation passera sous la barre des 2 % au cours des prochains trimestres. En France, selon nos estimations, l’inflation devrait atteindre 0,9% en 2025 et 1,3% en 2026.
Banques centrales : deux approches, deux stratégies
Les banques centrales poursuivent des trajectoires divergentes. La Réserve fédérale américaine devrait maintenir ses taux à 4,5 % jusqu’en décembre en raison des craintes inflationnistes puis ensuite les réduire à 3,5 % d’ici le troisième trimestre 2026. En revanche, la BCE poursuivra son cycle d’assouplissement dans un contexte de faible croissance et de désinflation, ramenant ses taux à 1,5 % d’ici la fin de l’année.
Les entreprises optimisent leurs stocks et ajustent leurs stratégies de prix afin de maintenir leur rentabilité dans un contexte de demande atone
Face à cette conjoncture tendue, les entreprises adaptent leurs stratégies. Le marché du travail montre des signes de normalisation, avec des licenciements attendus alors que les entreprises se concentrent sur l’efficacité et la réduction des coûts. La croissance des investissements reste timide, en particulier en Europe, où les conditions de crédit s’améliorent mais restent contraignantes.
Les tendances en matière de défaillances d’entreprises présentent également des risques supplémentaires, l’indice mondial indiquant une augmentation de +6,5 % au premier trimestre 2025. En outre, des risques sectoriels apparaissent, notamment dans l’industrie automobile, en raison des pressions concurrentielles et des évolutions technologiques.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur allianz-trade.fr.
Biographie
Ana est diplômée des Universités Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Paris 2 Panthéon-Assas. Elle a débuté sa carrière dans le secteur bancaire, avant de rejoindre Allianz Trade en 2012 en tant qu’économiste chargée de la zone euro. Elle a d’ailleurs reçu en 2018 le Best Forecaster Award for the Eurozone, délivré par Consensus Forecast. En 2019, Ana Boata devient Directrice de la recherche macroéconomique chez Allianz Trade et dirige la recherche thématique sur les PME. Depuis le 1er septembre 2021, Ana Boata est Directrice de la recherche économique du Groupe Allianz Trade.