Ressources humaines – Transformations du travail et learning : les tendances planétaires

L’évolution des ressources humaines suit des tendances analogues en France et dans les autres pays du monde selon un récent baromètre : anticipation de transformations au travail, crainte de voir son métier disparaître, recherche de sens accrue. Mais sur le volet formation, les avis et attentes, à la fois des salariés et des DRH, divergent.

 

Par Sandrine Weisz

 

Selon un récent baromètre de la Cegos, « Les défis auxquels font face les organisations et leurs directions ressources humaines sont multiples et semblables dans tous les pays : travail hybride, évolutions de la culture managériale, nécessité d’attractivité et de rétention des talents, transformation digitale et impacts de l’intelligence artificielle, responsabilité sociétale… », selon Benoit Felix, président du groupe Cegos, pour commenter les résultats de l’édition 2023 du Baromètre international « Transformations, Compétences et Learning ».

 

Évolution des métiers : même constat planétaire

Principal constat, l’intelligence artificielle et les nouveaux modes de travail sont les grands enjeux de transformation identifiés par les RH. En conséquence, rien d’étonnant dans le fait que la très grande majorité des salariés interrogés (74 % dans le monde, 68 % en France, + 7 points par rapport à l’édition précédente) estime que ces enjeux vont modifier le contenu de leur travail, notamment les managers (près de 80 %). Et 30 % des salariés internationaux craignent même de voir leur métier disparaître. Cette crainte est plus forte chez les ouvriers (39 % à l’échelle mondiale). En corrélation avec cette crainte, le développement des soft skills reste important pour les RH comme pour les salariés.

 

Toutefois, les DRH n’ont pas la même lecture de ces enjeux puisqu’ils estiment que seuls 18 % des emplois de leur organisation présentent un risque d’obsolescence des compétences dans les trois ans à venir. Cet optimisme pourrait résulter d’une crise sanitaire qui a souvent démontré la capacité de résilience des organisations.

 

Enfin, la quête de sens dans le travail, souvent relayée dans l’hexagone, est tout aussi -voire plus- citée dans les autres pays. Ainsi, 69 % des salariés français et 85 % des salariés internationaux se déclarent même prêts à envisager une reconversion professionnelle complète si celle-ci était porteuse d’un plus grand sens. Une quête très emblématique des générations arrivées depuis peu sur le marché du travail, mais qui essaime dans la population active globale.

 

Formation : l’exception gauloise

Les salariés internationaux sont résolus à être acteurs du développement de leurs compétences en investissant et en s’investissant dans leur formation. Les Français font exception à ce principe. En effet, 60 % des salariés internationaux accepteraient de financer une partie des coûts de leur formation… mais seulement 30 % des salariés dans l’hexagone. Même opposition concernant le temps alloué : les salariés français sont beaucoup plus réticents que leurs homologues étrangers à se former « hors temps de travail ».

 

Autre décalage, cette fois sur les thèmes de formation. Les DRH français se distinguent de leurs homologues en plaçant la cybersécurité
(40 %) et la transition écologique (38 %) au cœur des enjeux de transformation des compétences.

 

Enfin, si l’intelligence artificielle émerge doucement dans les pratiques de formation, la France est carrément en bas de classement sur le sujet. Précisément, seuls 12 % des salariés (10 % en France) indiquent l’utiliser régulièrement. Et du côté des décideurs RH, 23 % déclarent que cela n’est pas pertinent à ce jour pour leur entreprise, un chiffre qui atteint 33 % en France. Une réticence qui pourra soulever des questions en matière de compétitivité.

 

 

 

Leader international de la formation, le groupe Cegos a publié les résultats de son baromètre international « Transformations, Compétences et Learning » réalisé en juin/juillet 2023 dans 9 pays d’Europe (France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne), d’Asie (Singapour) et d’Amérique latine (Brésil, Mexique, Chili).