Entretien avec Serge Massat, Fondateur et President de Massat Consulting Group en Amérique du Nord, Expert-comptable et Certified public accountant

Comment définir Serge Massat ?  Peut-être par cet extrait d’un article paru en 2015 dans La Revue des CCE :

« Serge Massat, fondateur et Président de Massat Consulting, détonne dans le monde corseté et policé de l’expertise-comptable.

Tout de noir vêtu- sa couleur fétiche- blouson de cuir et cheveux noués en catogan, démarche féline et regard franc, il pourrait être à la tête d’une agence de pub ou de mannequins…

Et pourtant, notre man in black, installé à Miami, est le pionnier de l’expertise-comptable à la française outre-Atlantique. Celui qui, depuis 30 ans (NR : 40 ans aujourd’hui), s’est forgé un nom et une image de marque atypique aux Etats-Unis, au Mexique mais aussi bientôt au Canada »

1) Votre cabinet d’expertise comptable, c’est plus de 150 associés et collaborateurs répartis sur 4 sites aux Etats Unis, au Mexique et au Canada : quelle a été votre démarche pour en arriver là ?

Comme le disent mes confrères, même si mon métier c’est l’expertise comptable, je suis avant tout un entrepreneur dans l’âme.  J’observe, j’apprends et je regarde quels sont les créneaux non exploités, les services nouveaux que l’on pourrait développer. L’idée sous-jacente est de ne pas faire comme les autres, mais d’inventer, d’apporter quelque chose de différent. Je pratique mon métier avec passion et j’aime les défis.

J’ai ouvert mon premier cabinet à New York en 1986, puis Boston en 1990 suivi de Mexico en 1994.  Miami a été ouvert en 2011 et Montréal est arrivé en 2017.  Au Mexique, j’étais le premier cabinet étranger à ouvrir un bureau en direct, bien avant un quelconque cabinet américain.  Pourquoi ? Parce que j’ai cru très tôt dans le succès des accords d’ALENA, ces accords de libre-échange entre les trois pays d’Amérique du Nord : Etats Unis, Canada et Mexique. Pourquoi ? Parce que le Mexique, et Miami bien sûr que j’ai ouvert en 2011 en 2011 avec la même logique en tête, sont un peu la plaque tournante du négoce de l’Europe et de l’Amérique du Nord vers l’Amérique Latine.

2) Quel est le profil de votre clientèle et quel service lui apportez-vous ?

Depuis toujours, la majorité de nos clients est représentée par les filiales Nord-américaines d’entreprises françaises, qu’il s’agisse de Tech ou autres Start-ups, de TPE, de PME ou même de sociétés cotées en bourse sur le vieux continent.

Par essence et par gout personnel, nous refusons d’être des auditeurs, nous offrons un service complet de Back office si le client le souhaite ou nous jouons simplement le rôle de l’Expert-comptable à la française qui fait les arrêtés de comptes mensuels ou trimestriels et assure le suivi fiscal.

Mais au-delà de ça, nous sommes le « médecin généraliste de l’entreprise » qui est capable de couvrir 85% des sujets techniques de notre profession dans les pays concernés mais qui connait ses limites et sait faire appel à des spécialistes sur les sujets très pointus. Notre force est d’être pluriculturels et de savoir « traduire/expliquer » les contraintes locales aux DG ou DAF des maison mères en Europe.

3) Voyez-vous en ce moment beaucoup de candidats à l’implantation en Amérique du Nord et si oui, quel est leur motivation ?

Exerçant mon métier d’Expert-comptable en Amérique du Nord depuis 40 ans, j’ai vu toutes sortes de motivations parmi mes clients : attaquer un marché immense avec un potentiel énorme, fuir la pression fiscale et les contraintes administratives française (je ne fais ici que rapporter ce que l’on a pu me dire, sans connotation politique aucune), changer de vie, tenter l’aventure, avoir gouté à la vie américaine lors d’un 3^e cycle d’études dans une université américaine et avoir envie de s’y épanouir, etc…  Ces motivations demeurent.

Par ailleurs, de par mon rôle depuis 2 ans de President de la Chambre de Commerce Franco Américaine de Floride Miami, je rencontre toujours plus d’entrepreneurs lors des évènements que nous organisons a la Chambre et j’ai noté une nouvelle tendance de plus en plus répandue : on s’installe aux USA pour y produire localement avec notre technologie française, pour avoir le label « made in the USA » et pour atteindre une clientèle américaine qui se sent obligée (ou est même parfois obligée) d’acheter « made in the USA ».

4) Ou en êtes-vous aujourd’hui, quelle sont les prochaines étapes pour Massat Consulting Group ? Vos enjeux et vos perspectives

En organisation interne, nous sommes en phase finale d’amélioration et d’informatisation à outrance de nos procédures sous la houlette principalement d’Andrew Massat, ingénieur aéronautique qui s’est adapté à l’expertise comptable mais a amené avec lui un regard neuf sur notre façon d’opérer.  En toute modestie, je pense que nous sommes à la pointe du progrès dans notre métier.

En croissance, outre la croissance organique des 4 cabinets existants, nous sommes en train d’ouvrir une branche à San Francisco, et probablement avant l’été, une autre branche en République Dominicaine.

5) Peut être une conclusion basée sur votre expérience pour ceux qui veulent aborder le marché Nord-Américain?

Les économies des Etats Unis, du Mexique, du Canada ne vous ont pas attendu pour devenir ce qu’elles sont.  Basé sur l’expérience de nos nombreux clients, je vais ci-après enfoncer quelques portes ouvertes :

Prenez votre temps, étudiez bien votre marché, n’essayez pas de bruler les étapes, obligez-vous à adapter votre produit aux exigences locales, sachez écouter, faites mentir la réputation qu’ont les Français d’être arrogants, sachez choisir avec discernement vos conseils sur place, le système D à la française est à éviter et si vous êtes un peu juste en trésorerie pour faire votre investissement, attendez un petit peu que votre coussin soit plus épais.

Et maintenant, Good Luck pour votre projet Nord-Américain !