« Le développement durable fait partie de l’ADN de Schneider Electric »

Entretien avec Gwenaëlle Avice-Huet, Directrice générale Stratégie et Développement Durable.

Schneider Electric, leader de la transformation numérique de la gestion de l’énergie et des automatismes, est présent pour la 11e année consécutive au classement de Corporate Knights qui récompense les 100 entreprises les plus durables au monde.

 

Cela fait plus de 15 ans maintenant que Schneider Electric est réputé et reconnu dans son engagement en faveur du développement durable. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette expertise et cette expérience ?

Le développement durable fait partie de notre ADN depuis plus de 15 ans. Dès 2005, Schneider Electric a mis au point un baromètre couvrant tous les aspects de la durabilité et servant de tableau de bord de suivi. Il est examiné tous les trimestres au niveau du conseil d’administration et au niveau local. C’est à la fois un outil de communication et de mobilisation. En 2006, nous décidions de mesurer notre empreinte carbone, ce qui à l’époque était très novateur, et nous l’avons réduite de 60% depuis 2017. Par ailleurs, nous mettons constamment à jour nos objectifs de développement durable et accélérons nos efforts. Nous nous fixons des objectifs sur 3 à 5 ans, en plaçant la barre plus haut à chaque fois. Chaque trimestre, nous communiquons les résultats de notre baromètre, de façon transparente, et en leur accordant la même importance que nos résultats financiers.

 

Nos objectifs de développement durable couvrent à la fois l’environnement, le social et la gouvernance. Nous les déclinons autour de 6 grands thèmes : le climat, les ressources, la confiance, l’égalité, les générations et le local.

 

Notre contribution de longue date au développement durable est unique, car nous visons à améliorer non seulement notre propre écosystème mais nous accompagnons également nos clients et fournisseurs à devenir plus durables. Nous avons ainsi aidé plus de 2 500 clients dans leur démarche de décarbonisation, notamment grâce à des outils, services et solutions numériques performants, Nous travaillons également avec nos partenaires en supply chain sur l’avancée du travail décent et du respect des droits de l’homme.

 

En parallèle, nous avons mis en place une gouvernance solide pour superviser notre propre performance en matière de développement durable depuis 2014 (conseil RSE des RH, renforcé ultérieurement par le Comité des parties prenantes et le Comité du développement durable externe composé d’experts).

 

La crise Covid a-t-elle un impact sur votre plan 2021-2025 ?

Non. Nos engagements ambitieux pour la période 2021-2025 ont été annoncés durant la crise sanitaire. Nous avons plutôt accéléré nos engagements ESG et, en externe, nous avons clairement constaté une augmentation significative d’un besoin d’agilité et un intérêt accru pour le digital et le développement durable. De fait nous avons pu accélérer nos objectifs business, qui sont inhérents au développement durable.  Les entreprises qui s’engagent et fixent des objectifs conformes à la SBTi1, dont beaucoup sont nos clients car nous les aidons à définir et à atteindre ces objectifs, est passée de ~ 700 en 2020 à ~ 2100 en 2021. Ce qui montre un élan positif malgré la crise du COVID.

Les deux crises, la crise sanitaire et la crise climatique, ont des conséquences communes parmi lesquelles des cicatrices durables sur l’économie mondiale, des inégalités sociales et un impact disproportionné sur les économies pauvres. Elles nécessitent donc des solutions globales qui ne sont réalisables que si les secteurs public et privé travaillent ensemble sur tous ces sujets.

 

Trouver des solutions face au changement climatique est l’enjeu majeur des années à venir. Quel est, selon vous, le rôle d’une entreprise pour accélérer cette transition énergétique ?

Pour les entreprises, la durabilité est le passeport pour réussir maintenant et exister demain. Je suis convaincue qu’elles doivent opérer un virage, en imbriquant étroitement stratégie et développement durable.

Pour cela, elles doivent repenser leur offre, mais également leur mode opératoire et commercial. Nous appelons cela les principes fondateurs d’une « entreprise à impact » : il faut performer pour être durable (et vice versa) et il nous faut entrainer toutes les parties prenantes dans notre écosystème.

En ce qui concerne leur empreinte carbone et environnementale, il est important de rappeler que des solutions existent tant du côté de la production que de la consommation d’énergie. Il y a des outils concrets à mettre en place sans attendre en matière d’efficacité énergétique et de circularité. Les engagements SBTi1 sont également un excellent moyen pour les entreprises de se fixer des objectifs et de se donner les moyens de les atteindre.

 

Comment faire des engagements ESG un facteur de développement pour toutes les parties prenantes ?

Une entreprise à impact doit embarquer toutes ses parties prenantes et prendre en compte toutes les dimensions ESG. Nous considérons que soutenir toutes nos parties prenantes est bénéfique pour la performance et l’avenir de Schneider Electric. C’est pour cette raison que nos objectifs ESG pour 2025 dépassent le cadre de nos propres activités.

Ainsi, nous soutenons nos fournisseurs dans leur démarche de décarbonisation par le biais du Projet Zéro Carbone. Concernant nos clients, nous les accompagnons pour qu’elles réduisent leurs émissions de 800 millions de tonnes de CO2. Vis-à-vis des communautés locales, nous avons pour ambition de permettre à 50 millions de personnes d’accéder à l’électricité verte et de former 1 million de personnes à la gestion de l’énergie. Enfin, vis-à-vis de nos salariés, nous avons mis en place une Ecole du développement durable afin de les aider à monter en puissance dans leurs connaissances des enjeux et de les inciter à prendre des mesures individuelles.

 

Comment concilier l’échelon global / local en termes de développement durable ?

Nos engagements locaux sont complémentaires de nos objectifs mondiaux. Nos objectifs mondiaux sont décidés au niveau du Groupe et sont, selon nous, nécessaires dans toutes les régions du monde, à l’instar de la décarbonisation ou de l’égalité des genres.

Les objectifs locaux sont définis par les dirigeants locaux en fonction de leurs contraintes et de leur degré de maturité. Il est également important que le leadership sur ces enjeux vienne des communautés locales, en fonction de leurs problématiques de terrain. Plus de 200 engagements sont pris par les pays eux-mêmes. Par exemple, au Brésil, l’accent est mis sur l’amélioration de la sécurité électrique dans les foyers défavorisés, en Inde, sur les activités de reboisement et aux Etats-Unis, sur les véhicules électriques.

 

 

1 SBTi (Science-based Targets Initiative) : initiée en juin 2015, la SBTi est un projet en faveur du climat, né de la collaboration entre plusieurs institutions et qui vise à répondre aux objectifs de la COP21.

 

 

Biographie

Gwenaelle Avice-Huet

Chief Strategy & Sustainability Officer

 

Gwenaelle Avice-Huet est Directrice générale Stratégie et Développement Durable et membre du Comité Exécutif de Schneider Electric depuis le 1er avril 2022. Gwenaelle a la responsabilité d’élaborer et de déployer les initiatives stratégiques, de développement durable, de qualité et de satisfaction client, et supervisera les activités de fusions-acquisitions au niveau mondial.

Gwenaelle a rejoint Schneider Electric en 2021 en tant que Directrice de la Stratégie du Groupe.

Avant d’intégrer Schneider Electric, Gwenaelle a occupé plusieurs postes chez ENGIE (précédemment GDF SUEZ) de 2010 à 2021, de Directrice des Affaires Européennes et Réglementaires à Directrice de l’activité Renouvelables en France, pour finalement siéger au comité exécutif d’ENGIE en tant que Directrice générale d’ENGIE Amérique du Nord, avec également la responsabilité mondiale de l’activité Energies Renouvelables.

Elle débute sa carrière au Commissariat à l’Energie Atomique en recherche sur l’énergie nucléaire avant de rejoindre la Banque Mondiale à Washington (Etats-Unis) en tant que consultante. Elle intègre ensuite le secrétariat général des affaires européennes (service du Premier Ministre), en charge de l’énergie et de la compétitivité, puis rejoint différents cabinets ministériels en tant que conseillère à l’énergie et au climat.

Gwenaelle siège au conseil d’administration d’Air France-KLM depuis mai 2021. Elle a également été nommée « Young Global Leader » du Forum Économique Mondial. En 2019, elle est décorée de l’Ordre National du Mérite.

Gwenaelle est diplômée de l’École Normale Supérieure de Cachan (agrégation de physiques-chimie), ingénieure du Corps des Ponts et Chaussées et diplômée de l’École Polytechnique (DEA en chimie moléculaire).

Gwenaelle est actuellement basée à Boston (Massachusetts, Etats-Unis).